Les yoga sutras font partie des écritures sacrées de l'Inde. Ils puisent leurs origines dans la tradition védique (2000 ans avant JC). On les attribue à Patanjali vers le 2e siècle avant JC. Les sutras sont des aphorismes, des phrases brèves, laconiques destinées à être mémorisées. Les 195 aphorismes ont leur pendant philosophique dans le Samkhya. Dans le samkhya est expliqué d'où vient la manifestation (on part du subtil pour aller au grossier) et dans les yoga-sutras (raja yoga , yoga royal), on part du grossier pour aller vers le plus subtil.
Les sutras sont répartis en 4 chapitres (pada) :
- Samadhi pada, déconditionnement
- Sadhana pada, moyens et stratégies
- Vibhuti pada, exploration de différents niveaux de conscience
- Kaivalya pada. Délivrance
Dans le 2e chapitre, le Sadhana pada, II ,29, il est exposé le moyen de développer la faculté de discrimination dans l'Ashtanga Yoga.
Il s'agit des huit membres du yoga :
les règles de vie dans la relation aux autres : yamas
les règles de vie dans la relation à soi-même : niyamas
la pratique de la posture : asanas
la pratique de la respiration : pranayama
l'écoute intérieure : pratihara
l'exercice de la concentration : dharana
la méditation : dhyana
l'état d'unité : Samadhi
« Yoga-sutras » Patanjali édition Albin Michel Spiritualités vivantes
Quand on pense au yoga, on pense d'abord aux postures... Pourtant Patanjali place les yamas et niyamas dans les premières étapes, non pas qu'il faille les respecter avant de commencer les postures... mais pour mettre l'accent sur le fait qu'ils sont les piliers qui soutiennent toute la fondation. Comment parvenir à l'unité si on ne vit pas en harmonie en soi-même et avec les autres ?
En cela les yogas-sutras sont universels et toujours d'actualité. Ils jalonnent notre parcours. Comme on dit « un chien a quatre pattes mais il ne suit qu'un seul chemin », il faut abandonner les errances de l'ego, causes de souffrance pour avancer sur ce chemin.
Les yoga-sutras sont la lumière qui éclaire nos pas sur la route...
1er membre de l'Ashtanga yoga de Patanjali : LES YAMAS
Les cinq yamas sont :
1 Ahimsa - Non-violence, non-nuisance
2 Satya - Respect de la vérité
3 Asteya – Non-convoitise, non vol, non accumulation de richesses
4 Brahmacharya – Modération, savoir gérer son énergie
5 Aparigraha - Lâcher prise, ne pas « s'encombrer »
Ils forment essentiellement la base d'une attitude à cultiver face à la vie. Loin de représenter un code moral rigide qui dicte tout ce qui est bien ou mal, ce sont des balises éthiques qui peuvent nous guider à accomplir les gestes appropriés pour le plus grand bien de tous et en chaque circonstance.
Ahimsa - Non-violence
. " Si quelqu'un est installé dans la non-violence, autour de lui, l'hostilité disparaît. " (Aphorisme II-35) |
Lorsqu'on est non-violent, on désarme l'agressivité de l'autre (le feu appelant le feu).
Lorsqu'on parle de non-violence, on pense automatiquement à Gandhi l'apôtre de la non-violence. Parce qu'ahimsa s'accompagnait de satya, la vérité, les non-violents ont eu raison de la domination anglaise. Seule une grande force pouvait réaliser un tel exploit. Les actes en adéquation avec la pensée juste et inspirée permettent de renverser toutes les dominations.
Patanjali nous dit qu'en cultivant une attitude de compassion envers ce qui nous entoure, nous récolterons la paix autour de nous.
Savoir respecter les différences et être dans la tolérance, cela témoigne de l'ouverture du cœur.
Ahimsa signifie « ne pas tuer », « ne pas nuir ». On peut interpréter cette règle à plusieurs niveaux, par exemple nuir peut vouloir dire penser du mal de quelqu'un même si on ne met pas à exécution...L'offense peut venir de soi ou d'un tiers qu'on aurait manipulé par la parole. On peut nuir sans en avoir conscience, par omission, par ignorance.
La violence naît de la peur, de la faiblesse et de l'agitation.
Ahimsa est source de transformation intérieure pour soi-même et pour l'entourage.. Ahimsa s'accompagne d'abhaya (libération de la peur) et d'akrodha ( libération de la colère). La colère a sa racine dans l'orgueil. Elle empêche de voir les choses et altère le jugement.
La paix est la conséquence d'ahimsa. Elle résulte de l'état d'esprit des individus. A chacun de faire des choix éclairés, de préférer une alimentation et un mode de vie en accord avec ahimsa : bannir de notre consommation les produits qui entraînent une souffrance des animaux ou des hommes, agir dans le respect de l'environnement.
Sans oublier que vouloir imposer ses choix aux autres, c'est aussi une violence. Quand on est dans le non-jugement par rapport à soi-même, qu'on accepte de se voir tel que l'on est, on peut voir l'autre tel qu'il est aussi. L'acceptation, l'amour nous font prendre conscience qu'on n'est pas séparé. Conscient d'être relié, toute acte, toute parole, toute pensée non-violente retentit sur l'ensemble. C'est comme un effet papillon qui nous montre combien nous sommes responsables à l'égard de nous-mêmes, de notre entourage et de la planète.
Satya - Le respect de la vérité
" Quand on est établi dans un état de vérité, l'action porte des fruits appropriés. " (Aphorisme II-36) |
Patanjali nous dit ici que nous serons les grands gagnants en nous engageant à utiliser des paroles justes, à ne pas mentir et à nous abstenir de bavardages futiles. Il s'agit d'être authentique, vrai, se comporter comme on pense et comme on dit.
Gandhi disait « la Vérité est Dieu et Dieu est la Vérité ».
Si on respecte l'authenticité, il y aura adéquation entre l'action et son fruit. On récolte ce que l'on a semé.
S'il y a une distance entre ce qu'on dit et les actes, les bons fruits ne viendront pas. C'est comme l'exemple de l'élève qui dit qu'il est un bon élève et qui rapporte un carnet avec des mauvaises notes : il descend automatiquement de son piédestal.
Un mensonge (ou un « non-dit ») peut nous écraser, supprimer notre vitalité et ruiner notre qualité de vie jusqu'à ce que nous osions avouer la vérité et faire amende honorable.
Quand on dit de quelqu'un qu'il est « franc du collier », cela vient de l'expression populaire qui était initialement appliquée aux chevaux qui tirent des charges avec la même régularité en ligne droite et sans les à-coups qui pouvaient résulter des coups de fouet donnés par le meneur. Etre « franc du collier », c'est aller en ligne droite, en droiture d'âme, sans gaspiller d'énergie inutilement.
Cependant, toute vérité n'est pas bonne à dire...Est-on sûr de ne pas nuire en disant les « quatre vérités » à quelqu'un ou « sa » vérité. Or notre vérité d'hier n'est pas celle de demain. Ce qu'on tenait pour vrai ne l'est plus lorsque l'on a mûri ou vécu des expériences de la vie, aussi ce qu'on observe pour soi est la même chose pour autrui. Accepter que l'autre puisse avoir une autre version de la vérité c'est faire un pas vers lui, vers l'écoute de la différence, du respect de l'autre et de la tolérance.
La maîtrise de soi passe par la maîtrise de la langue et surtout de nos pensées; Satya suppose la vérité en pensées, en paroles et en actions. Tant que l'on s'en tient au monde des phénomènes qui sont mouvement et changement, notre conception de la vérité change aussi. Seul l'Absolu a un goût de vérité éternelle et c'est en étant en contact avec cet Absolu qu'on a accès à la vérité pure.
" Quand le désir de prendre disparaît, les joyaux apparaissent. " (Aphorisme II-37) |
Patanjali nous présente ici un paradoxe : lorsqu'on arrête de convoiter les choses, elles viennent à nous spontanément et en abondance.
Citons la parabole des talents.
« Un homme partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens. Il donna cinq talents à l'un, deux à l'autre et un au troisième, à chacun selon ses capacités et il partit. Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents, s'en alla, les fit valoir et il gagna cinq autres talents. De même celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux autres. Celui qui n'en avait reçu qu'un alla faire un trou dans la terre, et cacha l'argent de son maître. » A son retour, le maître félicite le premier et le deuxième serviteur. Quant au troisième, il lui dit : « Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé et que j'amasse où je n'ai pas vanné, il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et à mon retour, j'aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt. Otez-lui donc le talent et donnez-le à celui qui a les dix talents. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'en a pas, on ôtera même ce qu'il a. » Matthieu 25, 14
Asteya concerne l'abus de propriété, l'abus de confiance, la mauvaise gestion et le mauvais usage.
Nous avons tous des potentialités. Nous pouvons agir et chercher à les réaliser. Nous en aurons les fruits à coup sûr mais si nous doutons et que nous avons peur, nous ne mettons pas à profit nos capacités, nous perdons nos chances. Nous nous agrippons à une image illusoire de nous -mêmes sans oser la remettre en cause et risquer l'échec.
Il faut risquer de perdre le connu pour gagner. Se débarasser du vieil homme, c'est se donner les moyens de faire naître le nouveau et l'abondance.
Du désir de posséder, naissent le besoin d'amasser et de s'accaparer ce qui appartient à autrui. A convoiter ce qui ne nous appartient pas ou à vouloir l'enterrer pour ne pas le perdre, nous faisons barrage à la libre circulation de l'énergie. Qui trop embrasse, mal étreint. Asteya délivre de cet attachement. La foi en l'abondance attire l'abondance par la loi d'attraction.
Tout d'abord, le fait de convoiter ce qui ne nous appartient pas est cause de souffrance parce que cela nous empêche d'apprécier ce que nous avons. C'est un cercle vicieux encouragé par la société de consommation qui, en général, nous laisse insatisfaits et « en manque ». S'approprier ce qui ne nous appartient pas peut entraîner aussi une pollution mentale car « bien mal acquis ne profite jamais ». Autant rendre l'objet peut nous libérer d'un poids karmique . « Rendre à César, ce qui est à César ». Il s'agit de la propriété physique, mentale, intellectuelle ou spirituelle.
Dans le livre «La prophétie des Andes», il est décrit comment on peut aussi « voler » l'énergie des autres de diverses façons :
- En jouant à la victime
- En essayant de les dominer
- En les interrogeant pour les mettre sur la défensive
- En se tenant à l'écart pour que les gens viennent vous chercher...
- En prenant le temps des autres en s'imposant au-delà de ce qui est convenable ou souhaité par l'autre.
Par la prise de conscience des rapports dominant/dominé, bourreau et victime et des comportements que l'on entretient avec les autres, on fait déjà un grand pas dans le respect d'Asteya, la non-convoitise et en se libérant, on libère aussi les autres !
Brahmacharya - Modération
" Etre établi dans la modération donne une bonne énergie de vie ". (Aphorisme II-38) |
Traditionnellement, Brahmacharya était identifiée à l'abstinence sexuelle afin de conserver son énergie vitale. Cependant, une étude étymologique du terme sanskrit révèle une signification beaucoup plus vaste :
Brahman : l'expression ultime du divin, du Tout-Puissant
Charya : aller vers
Dans cette optique, la pratique de Brahmachaya serait de faire ce qui nous rapproche de notre essence divine « brahma ». Par la continence du corps, de la parole et de l'esprit, on évite les comportements qui nous éloignent de notre Moi supérieur en étouffant ou dissipant notre énergie vitale.Il s'agit de mieux gérer l'énergie sans se disperser pour accomplir ce qu'on a à faire avec efficacité. Lorsqu'on parle de la période de latence de l'enfant ( période avant le changement hormonal de la puberté), on considère que l'enfant est disposé à apprendre sans être « parasité » par les hormones...
Il n'y a pas que l'aspect sexuel qui est concerné par ce yama : il a trait à tout ce qui disperse notre énergie. Pour accomplir efficacement ce dont nous avons à faire,en renforçant le corps et le mental, il faut être modéré et préserver l'énergie potentielle.
Cette énergie est gaspillée lorsque nous avons des comportements excessifs et addictifs, citons :
la gourmandise pour éviter de sentir le vide au-dedans de soi ou les émotions qui nous tiraillent au creux du ventre.
La sexualité où l'autre n'est qu'un objet pour nous défrustrer et assouvir nos besoins de possession, de plaisir, de contrôle.
Le travail compulsif jusqu'au burning out pour se valoriser, éviter d'être en relation, pour ne pas ressentir le vide.
L'abus d'alcool et de stimulants, la consommation de drogues pour fuir vers des paradis artificiels.
Le jeu compulsif pour se réfugier dans un monde virtuel ou espérer gagner le gros lot sans effort dans les jeux de hasard.
La pratique de Brahmacharya permet de composer consciemment avec ce tout que la vie nous apporte en adoptant une façon d'être qui est le plus en accord avec notre essence plutôt que de fuir l'impression de vide intérieur en recherchant des plaisirs compulsifs.
Cependant la sagesse populaire nous prémunit contre les faux semblants et les discours moralisateurs en disant que «celui qui veut faire l'ange fait la bête» .
Il ne s'agit pas non plus de fuir systématiquement les «plaisirs de la vie» ou de s'infliger des sévices corporels ou mentaux. Faisant des ricochets entre vices et vertus, notre esprit ne pourra trouver de repos. Vouloir chasser le naturel et il revient au galop.
L'abstinence consentie et assumée n'est pas comparable au célibat imposé qui peut entraîner bien des dérives dues aux pulsions incontrôlées.
L'amour sexuel est un apprentissage de l'amour universel dans le donner et le recevoir. L'expérience de l'amour humain nous conduit à la connaissance de l'amour divin, au bonheur et à l'union avec l'Ame Universelle. Autant l'amour sexuel ouvre le coeur, autant la recherche de plaisirs débridés , la poursuite incessante de l'objet de désir n'apportent pas la paix durable.
L'ascèse peut aussi devenir une façon compulsive d'éviter de composer avec les défis de la vie. Il est bien plus facile d'être centré, aimant, spirituel, dans la solitude et sans stimulis externes que de garder sa conscience et son coeur ouverts dans le feu de l'action et des interactions avec les gens qui nous montrent nos faiblesses comme dans un miroir.
Evitant les extrêmes, brahmacharya nous invite à la modération et surtout à prendre conscience de ce qui est.
Aparigraha - Lâcher prise
" Celui qui se désintéresse de l'acquisition de biens inutiles connaît la signification de la vie. " (Aphorisme II-39). |
Une interprétation littérale de cet aphorisme serait de se départir de tous ses biens pour vivre en ascète comme les moines bouddhistes qui n'avaient que leur robe et leur bol à aumône.
De nos jours, Aparigraha signifie ne pas s'encombrer de ce qui n'est pas nécessaire, se libérer du désir d'acquérir car alors on aurait peur de perdre.
«Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus; La vie n'est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement ? Regardez les oiseaux du ciel ; ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n'amassent rien dans les greniers ; et votre Père céleste les nourrit... Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : Que mangerons-nous ? Que boirons-nous ? De quoi serons-nous vêtus ?... Votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; en toutes choses vous serons données par-dessus. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.» Matthieu 6, 25.
Chercher le royaume et la justice de Dieu c'est lâcher-prise. Lorsqu'on n'a plus le désir d'accaparer, on est plus lucide pour progresser, on acquiert de la sérénité.
Lorsque nous parlons de nous-mêmes, nous nous définissons souvent par rapport à ce que nous possédons : «ma maison, mon voiture, mon compte, mon métier, mon mari, ma femme, mes enfants, mon yoga ! Et oui!, mon corps...». On se définit par rapport à nos possessions, nos rôles sociaux, nos activités, nos attributs. Et quand malheureusement, on en vient à perdre l'un ou l'autre, nous nous trouvons anéantis, sans repères. Si « mon » mari me quitte, je suis perdue...
Il ne s'agit pas de nier la tristesse ressentie à la perte de quelque chose ou de quelqu'un qui nous est cher. La question est plutôt de se demander quel sens on donnerait à cette expérience de perte et comment on l'utiliserait pour orienter le reste de notre vie. Serions-nous prêts à vivre l'expérience du phœnix qui renaît de ses cendres ?
Aparigraha est un puissant outil pour vivre intensément le moment présent sans le fuir en s'accrochant au passé ou en se projetant dans l'avenir. La pratique d'Aparigraha sous-entend que l'on abandonne la folle idée que l'on peut tout contrôler que ce soit l'avenir ou les événements extérieurs et ainsi que l'on abandonne toute peur de perdre. Il est directement en lien avec le sutra «yoga chitta vritti nirodha», le yoga est l'arrêt des fluctuations du mental. C'est le mental, l'ego qui nous piège en voulant toujours posséder, avoir plutôt qu'être.
Vivre l'instant et la non-possession, ce n'est pas se laisser aller, balloté par les événements. C'est lâcher-prise tout en gardant le cap de nos rêves... Au lieu de cristalliser nos efforts sur les moyens d'y parvenir, vivons l'instant et restons ouverts, accueillons !
Lorsque nous cessons d'insister pour faire quelque chose «à notre façon» et que nous nous concentrons sur le besoin profond auquel on essayait de répondre, une vaste panoplie d'alternatives intéressantes s'offre à nous.
Les niyamas sont des règles de conduite des individus. Ils concourent à la purification du corps et du mental. Les cinq niyamas (sortes de réfrènements) sont :
sausha la propreté physique et morale
santosha la satisfaction, le contentement
tapas, , la persévérance et l'ardeur dans la pratique, la diligence et l'ascèse
svadyaya, l'étude de soi et des textes
ishvara pranidhana, abandon « surrender » et acceptation de ce qui est
1. Saucha propreté pur
" La pureté nous amène à être détaché de notre corps et de celui des autres. "(Aphorisme II-40) |
" Le fait d'être pur engendre la bonne humeur, la concentration d'esprit, la maîtrise des sens et la faculté d'être en relation avec la conscience profonde. " (Aphorisme II-41). |
Dans la tradition yoguique, on utilisait diverses techniques de purification, appelées Shatkarmas,pour permettre l’évolution de l’esprit. Cela rejoint la maxime romaine « Mens sana in copore sano » : un esprit sain dans un corps sain.
Dans notre quotidien, la pratique de Saucha consiste à aller bien au-delà de l’hygiène pour se concentrer sur une profonde écologie de Soi. Au delà des techniques de nettoyage, une réflexion sur Saucha nous amènera à identifier les causes de ces « impuretés » et à éviter les sources de pollution tant physiques que mentales.
« Alors les disciples de Jean vinrent auprès de Jésus, et dirent : Pourquoi nous et les Pharisiens jeûnons-nous, tandis que les disciples ne jeûnent point , Jésus leur répondit : Les amis de l'époux peuvent-ils s'affliger pendant que l'époux est avec eux ? Un jour viendra où l'époux leur sera enlevé alors ils jeûneront. Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieil habit, et la déchirure serait pire. On ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres, autrement les outres se rompent; le vin se répand et les outres sont perdues mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le vin et les outres se conservent. »Matthieu 9,14
Saucha sert à faire du neuf pour accueillir le vin nouveau.
Le jeûne et la purification sont nécessaires à celui qui n'est pas en communion avec l'époux, le Soi, le brahman, la dimension divine.
Par la pratique de sausha, le mental s'apaise, on est heureux. On a une faculté mentale de concentration accrue pour mieux appréhender ce qui Est.
Sausha concerne tous les aspects de l'être, corps, parole et esprit:
L'alimentation:Il est bon de s'interroger sur la qualité des aliments. Recherchons des aliments cultivés dans le respect de l'environnement sans pesticides nuisibles pour notre santé: des fruits, des légumes de saison... consommons-les rapidement quand ils sont frais, ni trop, ni trop peu. Une salade fraîche et croquante éveille notre appétit, que dire de la salade qui est restée quelques jours en bas du réfrigérateur ...Les restes en Inde sont considérés comme tamasiques, les mets épicés, les alcools sont rajasiques. Ce qui est sattvique est vivant et frais. Notre pensée est aussi déterminante lorsque nous mangeons. Lorsque nous savons que ce que nous mangeons est de qualité, nous imaginons que les aliments nous procurent tout ce dont notre corps a besoin,. Saucha c'est manger avec conscience et avec plaisir. Quand l'eau nous vient à la bouche, c'est déjà un premier stade pour une bonne absorption du prana des aliments, une bonne digestion et une bonne assimilation des éléments nutritifs. L'ambiance des repas est tout aussi déterminante...
Les pensées : Sausha c'est aussi le pureté qui vient de la nourriture de l'esprit. Ne nous laissons pas gagner par la morosité ambiante, les nouvelles alarmistes ou inquiétantes véhiculées par les médias, Cultiver son jardin intérieur, c'est positiver !
« L'Eternel est mon berger : je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages... » psaume 23 - « Heureux ceux qui ont le cœur pur car ils verront Dieu » Matthieu 5,8
Lorsque l'on éprouve sausha, c'est comme un miroir, on voit plutôt les qualités des autres plutôt que leurs défauts, on les valorise et mieux encore on les bénit et cela les renforce et les rend plus à même de surmonter des épreuves de la vie.
L'environnement Sausha c'est comme le printemps qui nous donne l'impression de renaître, nous avons envie de faire du vide, du nettoyage, de vivre dans un environnement propre, sain et aéré.
Techniques de purification du corps et du mental : :
Techniques de purification du corps :
Nom | Technique | Nettoie, purifie |
Jala Neti | Faire entrer de l’eau salée par une narine et la laisser sortir par l’autre | Le nez et les sinus |
Nauli | Contractions circulaires des muscles abdominaux | Intestin grêle |
Trataka | Regard fixe sur un objet | Yeux, mental |
Kapalabhati | Expiration forcée, inspiration passive | Nadis, cerveau |
Jihva dhauti | Grattage de la langue 6 à 7 fois le matin à jeun avec un gratte-langue | langue |
Shanka Prakshalana | Cela consiste à boire 4 litres d’eau salée, verre par verre. Entre chaque verre, on doit faire une série de 12 mouvements qui ont pour but de faire progresser l’eau de la bouche au colon jusqu’à l’anus, soit environ 9 mètres. * | Tube digestif |
Vastra Dhauti | Avaler une longue bandelette mouillée et la ressortir * | Œsophage, estomac |
Basti | Aspirer et expulser de l’eau par l’anus * | Gros intestin |
* techniques à utiliser sous la direction et la supervision d'un professeur de yoga expérimenté.
Les bains purifient le corps à l'extérieur. Les asanas et le pranayama purifient le corps à l'intérieur. Le corps est tonifié.. Le pranayama aère les poumons et oxygène le sang. Les impuretés et les toxines sont éliminées
.
Techniques pour apaiser le mental :
Nom | Technique | Source |
Grébiche | Laisser sortir toutes sortes de sons incohérents sans utiliser de langage connu. | Osho |
Pages matinales
| Garder un crayon et un calepin sur sa table de nuit. Y écrire 2 ou 3 pages sans réflexion préliminaire ni autocensure de nos premières pensées spontanées; | Julia Cameron |
La danse, la musique, les arts, les sports, le jardin... | Faire ce qui nous plaît, y prendre plaisir et vivre dans l'instant. | Essence |
La marche kin-hin | Marche lente consciente | Zen |
Techniques de PNL programmation neurolinguistique | Reprogrammer le mental en débusquant nos croyances débilitantes et en les remplaçant par des affirmations positives; | Richard Bandler John Grinder |
Le yoga du rire | Prendre la vie du bon côté avec humour. Convivialité et partage. Joie de l'être. | Hashya yoga Dr Madan Kataria |
La relaxation | Pratiquer le sankalpa dans le yoga-nidra | Satyananda |
Asanas et pranayamas Méditation | Par la pleine conscience, le mental est apaisé. | Hatha-yoga |
La pratique des mantras | Ecouter et chanter des mantras, des syllabes sacrées, le AUM | Mantra yoga Japa |
La liste de techniques n'est pas exhaustive...
Quand le corps et le mental se purifient, peuvent survenir l'alignement avec la Conscience, l'union avec l'essence de toutes choses..