Les prophètes



De tous temps, des hommes visionnaires, souvent investis d'une mission, se sont dressés contre l'injustice
et la tyrannie au prix du sacrifice de leur vie.
Kimpa Vita brûlée vive telle Jeanne d'Arc pour avoir voulu restaurer le royaume Kôngo dans son intégrité
a ouvert la voie à d'autres martyres. Beaucoup sont restés dans l'anonymat,
certains charismatiques et mystiques sont dans la mémoire collective d'un peuple.


SIMON KIMBANGU 1887-1951

Simon Kimbangu est né le 12 septembre 1887 à Nkamba au Congo Belge (RDC).
En 1915, il se convertit au baptisme et devient catéchiste.
Il réalise l'immense fossé entre la Parole des Evangiles et l'oppression des Blancs avec la bénédiction
de l'Eglise à l'époque de la colonisation.
Adombré, il commence sa mission prophétique en prêchant et en guérissant des malades.
Sa réputation grandit. On lui attribue des miracles. On dit même qu'il ressuscite les morts.
Il prédit l'indépendance du Congo.
Alertées par les missionnaires, les autorités belges l'arrêtent en 1921; il est alors condamné à mort.
Le roi des Belges Albert 1er le gracie et sa sentence est commuée en détention à perpétuité.
Il meurt à l'âge de 64 ans dans la prison d'Elisabethville en 1951.



SIMON MPADI 1905-1991
 

Simon Mpadi reçut son éducation à la station de la Mission Baptiste Américaine dans la région occidentale du Congo Belge (Zaïre) et servit en tant que catéchiste baptiste (1925-1934). En 1934 il s'affilia à la mission de l'Armée du Salut et devint un de leurs évangélistes. Il fit des études dans un institut biblique de l'Armée du Salut mais s'en sépara peu après pour fonder sa propre église (1939).
Le 7 septembre 1939, des fidèles de son église ont déposé un memorandum au bureau administratif de
Madimba (province de Bas-Congo) pour réclamer la réhabilitation de l'Eglise noire, ce qui n'a pas été
apprécié par les autorités coloniales qui considéraient que ce mouvement était révolutionnaire et dangereux.
Mpadi fut emprisonné, déporté, condamné aux travaux forcés. A plusieurs reprises, il s'échappa et
finalement alla se réfugier au Congo Français où il fut à nouveau arrêté en 1944.
Il passa la plupart des années 1940 et 1950 en prison. Le 17 avril 1946, il fut transféré dans la prison
d'Elisabethville (Lubumbashi) où il rencontra Simon Kimbangu pour la première fois.
Celui-ci lui confia un ministère pour continuer son œuvre pour l'émancipation du peuple.
Mpadi mourut en 1991.



 

Le 30 juin1960 que le Kongo Zaire connut son indépendance.
Le 15 août 1960 le Kongo Mfua (Brazzaville) fut indépendant.
Le 17 août 1960 le Kongo Gabon obtint aussi son indépendance.
Le 11 novembre 1975 le Kongo Angola obtint l’indépendance.

SIMAO TOKO 1918-1983

Il est né en février 1918, dans le nord de l'Angola, à Kisadi Kibango. Après avoir vécu et fréquenté une école de
missionnaires, à Kibokolo, il fut envoyé en 1933,à Luanda, où il s'inscrivit au lycée Salvador Correa. 
Après avoir fini sa formation, ilretourna au Nord du pays, dans la province de Uige, à Kibokolo, sa région d'origine.
C'est là-bas qu'il enseigna dès 1938, dans les écoles de la mission protestante deKibokolo et de Bembe.
Quand il désira se marier, il dut aller au Congo-Belge pour réunir l'argent nécessaire pour la dot.
Il devient le chef de choeur de la mission baptiste de la capitale congolaise, Léopoldville (aujourd'hui, Kinshasa).
La majorité des fidèles de cette église étaient des Angolais exilés. 

Vers 1946, il prit connaissance de la "Kitaswala", église kimbanguiste qui mélangeait le christianisme et la religion
des ancêtres. L'église de Simon Kimbangu attirait des milliers de fidèles Bakongos du Congo-Belge et de l'Angola.
Simao Toko adopta ces préceptes en pensant que c'était la meilleure façon de résoudre les problèmes angolais,
pour la libération du pays et une plus grande autonomie sur le plan économique et social. Dans ses prêches religieux, il attirait un nombre impressionnant des fidèles qui venaient de partout. Beaucoup d'Angolais avaient fui les exactions et autres brutalités coloniales, héritées de l'esclavage. Pour la plupart, ils rejetaient les églises complices du pouvoir colonial portugais. La crainte et le refus des travaux forcés obligatoires les avaient poussé à fuir, à quitter leurs terres pour aller chercher refuge ailleurs. Arrivés au Congo Belge, ils furent touchés par
les messages de Simon Kimbangu et de Simao Toko qui préchait pour la libération des Noirs et de la terre d'Angola.

Simao Toko fut alors dénoncé en 1949 par les missionnaires baptistes. Le 10 janvier 1949, il fut arrêté par les
autorités belges du Congo puis livré ensuite aux autorités portugaises de l'Angola.  Il fut accusé de "pratiquer les
rites d'une doctrine mystico-religieuse qui prône l'arrivée d'un ordre nouveau, qui, sous le règne du nouveau Christ noir" mettrait fin aux autorités et pouvoirs actuels".  Il fut emprisonné en Angola, d'où les Autorités portugaises le déportèrent neuf fois ; il passa ainsi 12 ans de sa vie dans neuf prisons différentes.  Les Portugais décidèrent de mettre sa tête à prix, ils l'envoyèrent aux travaux forcés indiquant le montant de la récompense offerte à qui pourrait et oserait le tuer.

L'église fut interdite sur tout le territoire. Les fidèles rentrèrent dans la clandestinité. Ils étaient considérés et
confondus avec ce que le pouvoir portugais appellait les "terroristes de l'UPA"(Union des populations Angolaises)
qui ont impulsé des soulèvements du 4 février,à Luanda et la rebellion du 15 mars 1961, au Nord.
L'Angola obtint son indépendance le 11 novembre 1975.

Dans la nuit du 31 décembre 1983 au 1er janvier 1984, la mort de Simao Toko fut annoncée par les médias
angolais ; à ce moment-là on entendit un grand coup de tonnerre et des pluies torrentielles s'abattirent sur Luanda, la capitale. Des rumeurs circulèrent à Luanda disant que c'était les conséquences de la mort du Prophète.


MATSOUA ANDRE 1899-1942

Né en1899 à Mandzaka-Kinkala dans la région du Pool, André Matsoua est l'aîné de sa famille, ses parents appartiennent à la communauté lari. Il reçoit une formation catholique à M'bamou chez les pères du Saint-Esprit et devient catéchiste à la mission de Kindamba dans la région de M'Pangala-Mayama dans le Pool, où il jouit d'une popularité croissante auprès des villageois et des employés de la mission car ils partagent son intérêt pour l'avenir du Congo. Ayant d'autres ambitions, il part pour Brazzaville.

Matsoua habite le quartier de Bacongo de 1919-1921 et se fait remarquer par ses pairs dans des réunions où il étonne par sa connaissance des problèmes socio-politiques de la région du Pool et du Moyen-Congo, sa réputation dépasse alors très vite Bacongo.

Son objectif est de partir pour la France, après avoir été refoulé une première fois à Anvers puis à Bordeaux, il obtient finalement un laissez-passer provisoire pour Marseille en 1923 et intègre le 22e régiment des Tirailleurs sénégalais au printemps 1925. Il s'engage ensuite pour la Guerre du Rif et est promu sous-officier.

De retour de la guerre, il s'installe à Paris en 1026 comme comptable et suit des cours du soir. C'est par la connaissance d'autres émigrés noirs, pour la plupart intellectuels, qu'il fréquente les cercles parisiens de gauche où on prône des idéaux nouveaux contre les injustices et les brimades de la colonisation.

Matsoua, influencé par les idées de ces milieux, prend le nom de « Grenard » et fonde à Paris, en juillet 1926, l'Amicale des originaires de l'Afrique équatoriale française, destinée à « secourir les Noirs libérés du service militaire en France », société d'entraide qui met en avant des objectifs éducatifs et surtout se défend de toute prise de position politique. Le programme de cette association vise à former une élite africaine, surtout congolaise dans le but de hâter l'évolution de l'Afrique centrale.

Son désir est d'obtenir l'indépendance de son pays par des moyens pacifiques. Un des soucis constants de Matsoua est d'axer son combat sur l'égalité afin que son mouvement ait plus d'impact. Avec cette amicale il tient à former une élite politique en vue d'entamer le dialogue avec le gouvernement colonial.

Les délégués envoyés au Congo pour faire connaître les buts de l'amicale seront arrêtés. Puis c'est au tour de Matsoua qui est arrêté en décembre 1929, condamné en avril 1930 à trois ans de prison et dix ans d'interdiction de séjour au Moyen-Congo. Grenard et ses compagnons sont déportés au Tchad. Cependant, le nombre des amicalistes habitant en A.E.F ne fait que grandir (13.000 membres). En plus du siège social à Brazzaville, d'autres sections sont créées à Libreville, Bangui et Léopoldville.

Les arrestations de Matsoua et des membres amicalistes provoquent des contestations et des mouvements de grèves importants dans la région de Brazzaville. En mai 1930, Brazzaville est paralysée. L'administration coloniale use de représailles et d'arrestations. Le 14 juillet 1930 est boycotté et la place de la mairie de Brazzaville est vide. Le gouverneur de L'A.E.F de l'époque intensifie le travail forcé et dissout l'amicale qui devient une association clandestine.

Matsoua s'échappe de prison le 17 septembre 1935 et atteint le Nigéria. Le gouverneur réclame son extradition aux autorités britanniques qui refusent. Malade, Matsoua décide de repartir au Tchad. Il est arrêté mais réussit à s'échapper de nouveau et atteint le Congo belge en passant par Bangui. Il est recueilli par Prosper Mahoukou, un des leaders de l'amicale au Congo Belge qui lui met en contact d'autres pairs, et cela lui permet d'organiser et de redéfinir les actions de l'association.

Les amicalistes cotisent les fonds nécessaires au voyage de Matsoua pour la France. Il retourne donc à Paris avec un nom d'emprunt codé « André M'Bemba Loukéko-Kivoukissi»(kivoukissi =sauveur). Il change plusieurs fois de domicile car il est surveillé par la police française. Il finit par s'engager pour la seconde fois en 1939.

Au front, Matsoua est blessé au début de l'année 1940, opéré et soigné à l'hôpital militaire Beaujon à Paris, lorsqu'il est sur le point de repartir à la guerre à la fin de sa convalescence, deux gendarmes l'arrêtent le 3 avril 1940. Il est extradé au Congo et condamné en février 1941 à la prison et aux travaux à perpétuité.

Il serait mort en janvier 1942 dans la prison de Mayama.

Le mouvement matsouaniste a perduré malgré la réserve des gouvernements successifs : Youlou (1956-1963), Massembat Debat (1963-1968), N'gouabi (1968-1977), Yombi (1977-1979), Sassou N'guesso (1979-1992), Lissouba (1992-1997), Sassou N'guesso (1997...)

 

 

 

 

 

 



 



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